LA TERRE ASSOIFFÉE – RÉCITS ET CARNETS

Troisième série n° 23

Auteur: Rocco Scotellaro

ISBN : 978-2-919205-50-9

14 x 19 cm

Pages 384

Date de publication : 23 septembre 2025

Disponible

Prix 20 euros

 

La terre assoiffée témoigne de l’engagement de Rocco Scotellaro en faveur de l’émancipation d’un monde en marge de l’histoire, certes, mais dont il nous faut retrouver les valeurs et c’est à cette tâche que s’est attelé celui que Carlo Levi appelait le « poète-paysan ». Loin d’enfermer l’œuvre de son ami dans un régionalisme étroit, ce titre lui promettait une portée universelle puisque, selon Ignazio Silone, « les paysans se ressemblent tous » tant « la relation avec la nature et ses saisons [est] plus forte que les croyances et les nations ».

On ne s’étonnera donc pas de percevoir ici tant de résonnances entre la Basilicate et la France : comment ne pas songer en effet à la parole rugueuse des personnages gioniens, aux « vies minuscules » chères à Pierre Michon, aux petites gens qui peuplent La place d’Annie Ernaux ? Comment ne pas y retrouver « le paysan modèle de sagesse et de savoirs » d’Henri Mendras ? Comment ne pas regarder les photographies que Cartier-Bresson rapporte, en 1952 puis en 1973, de ses séjours en Lucanie, comme un reflet de l’œuvre de Scotellaro et son retentissement ?

Dans cette anthologie inédite en français, le dialogue esthétique se poursuit avec l’œuvre de huit artistes contemporains. Des extraits des Carnets montrent les relations stimulantes de Scotellaro avec des intellectuels de premier plan – G. Salvemini, C. Pavese, N. Ginzburg… La parole des paysans, fidèlement recueillie dans Paysans du Sud, s’entend jusque dans les pages autobiographiques, Raisins de Lucanie et Ramorra, où se livre celui qui fut à la fois écrivain, sociologue et acteur politique, l’homme à qui Visconti a voulu rendre hommage en intitulant l’un de ses plus grands films Rocco et ses frères.

BIOGRAPHIE

Né à Tricarico (Matera) le 19 avril 1923 et mort à Portici (Naples) le 15 décembre 1953, Rocco Scotellaro s’engage jeune dans le monde politique et syndical : à l’âge de 20 ans, il fait la rencontre, déterminante, de Rocco Mazzarone, médecin et sociologue, et il adhère au parti socialiste. En 1946, il est élu maire de Tricarico – il le restera jusqu’en 1950.

C’est en 1946 aussi qu’il connaît Carlo Levi et Manlio Rossi-Doria auprès de qui il se forme intellectuellement et qui deviendront ses amis. Sa vocation socio-anthropologique le conduira à nouer de riches relations avec George Peck, Friedrich G. Friedmann, Ernesto De Martino et Adriano Olivetti.

Arrêté en 1950 (à la suite d’une vengeance politique), emprisonné pendant deux mois à Matera, il décide de quitter Tricarico et trouve un emploi à l’Observatoire d’économie agraire de Portici ; ainsi sera-t-il au cœur des virulentes controverses de l’après-guerre sur les moyens les plus appropriés pour venir en aide à la paysannerie méridionale.

Son recueil de poèmes È fatto giorno (Mondadori) a reçu le prix Viareggio à titre posthume en 1954 ; la même année, Laterza publie Contadini del Sud (Paysans du Sud)  puis L’Uva puttanella (Raisins de Lucanie) en 1955. L’œuvre complète paraît chez Mondadori en 2019. En 2024, Quodlibet a publié Taccuini et I fuochi di San Pancrazio, qui contiennent tous deux des textes inédits.